La pub sur le net : un « sport de combat »

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Comme l’explique Darrell Etherington sur le site Techcrunch, Twitter s’apprête à passer la vitesse supérieure avec le développement de sa nouvelle application qui prévoit une « meilleure » intégration de la publicité. Il faut sans doute comprendre dans ce genre de phrase une plus grande difficulté à se débarrasser de la publicité invasive sur votre fil.

D’ailleurs, la « conférence de presse » à laquelle Twitter Inc. invite les développeurs d’applications tierces qui souhaitent s’y rendre — en nombre limité — le 2 avril prochain précise que ladite presse n’y est pas conviée. Cela est sans compter également le plus que probable retrait en ligne de la version 1 de l’application Twitter qui ne permet pas la diffusion de publicités par le biais du nouvel outil que Twitter met à la disposition de ses partenaires.

La pub dans un ring

Objet de financement des sites et de lutte pour des internautes de plus en plus nombreux, les méthodes pour s’en débarrasser ou lui faire sauter les barrières deviennent un sport de combat qui est encore loin de déclarer un vainqueur.

L’invasion publicitaire a en effet débordé depuis plusieurs mois vers les écrans mobiles — il suffit juste de consulter votre fil d’actualité Facebook, par exemple, sur votre téléphone mobile pour s’en rendre compte à n’importe quel moment — au point que l’usager doit doubler, tripler voire quadrupler d’ingéniosité pour trouver des outils équivalents à ceux qu’il installe sur son ordinateur, tels que AdBlock pour ne prendre que cet exemple le plus connu.

Mais justement. Le sport n’a pas d’objectif politique en soi : il ne cherche pas à montrer la supériorité définitive d’un adversaire sur l’autre. Le sport se veut plutôt une échelle de mesure des capacité de plusieurs adversaires à un instant où dès lors que la victoire est emportée, elle est immédiatement remise en jeu pour le prochain affrontement.

Le combat pour/contre la pub sur le Net commence à prendre cette forme, même si les objectifs qui opposent les pro et les anti sont eux éminemment politiques. Mais ces objectifs semblent loin, perdus dans un brouillard plus ou moins revendicatif. J’en veux pour preuve la réflexion que je me suis faite, il y a quelques jours, en lançant une requête Google sur un ordinateur public. J’avais oublié — moi qui ait installé AdBlock depuis des années sur mes propres bécanes — tout ce qui pouvait s’afficher sur une page de de dix premiers résultats.

Zombies

Et moi qui croyait avoir gagné le combat de la pub invasive, voilà que les annonceurs me rappellent qu’ils ne sont pas morts, qu’ils reviennent et qu’ils ne sont vraiment pas contents, à la manière d’un film de zombies.

Du coup, j’ai retrouvé mes gants de boxe.

Lorsque nos « amis » jauniront comme du papier…

Lorsque j’avais dix ans justement, je collectionnais les vignettes Panini (foot, magie, animaux…), quelques billes et diverses babioles dont j’ai perdu toute trace. Mes albums de vignettes autocollantes doivent être encore dans un vieux cartable scolaire, dans le grenier de ma mère, avec mes billes et sans doute les autres babioles dont je retrouverais la trace si j’y mettais le nez.

© James Emery, CC BY

Je pense à ces doux chérubins lorsqu’ils auront mon âge et même bien avant ; recaleront-ils au grenier voire à la poubelle de la même façon que moi leurs collections d’amis facebookien, ceux à qui ils « n’ont rien à dire » ?
Même si on sait qu’un ami sur Facebook n’est pas forcément un « ami » — vous savez, le vieux truc humain sur qui on peut compter quand ça ne va pas et particulièrement quand ça ne va vraiment pas — le média social propose en tout cas une façon inédite de gérer les relations humaines.
À quand les profils Facebook qui jaunissent comme les albums Panini dans nos greniers, faute de « liker », de « poker » ou de souhaiter un « hbd » — Happy birthday — à nos amis sur Facebook ?
Allez Mark, un petit effort…

Du réseau social au réseau commercial

Déjà dépassé, Facebook ? Et LinkedIn… Bientôt un lointain souvenir ? Ces réflexions, un tant soit peu fantasmées par les penseurs du marketing et du commerce en ligne, ne sont pas issues d’une idée saugrenue.

Ce n’est plus une vue de l’esprit. La Toile évolue à vitesse grand V. Après le web 2.0, voilà qu’on nous parle déjà du web… 4.0 ! Essayez : allez sur Wikipédia et cherchez le « web 3.0 » : il ne sort pas. Étonnant.

Probablement parce que les développeurs du net ne sont pas d’accord sur ces histoires d’appellations, loin de là. Même Éric Schmidt, le président de Google, n’aime pas cet étiquetage plutôt « journalistique », selon lui. On retiendra, en revanche, que le web s’apprête à vivre bientôt deux vagues technologiques novatrices : après l’internet des serveurs (la recherche d’informations) et l’internet des utilisateurs (le déploiement des forums, blogues, réseaux sociaux…) viendraient l’internet des machines (votre frigo dresse la liste de tout ce qui manque et l’envoie à votre épicier pour qu’il vous la livre) et l’internet des objets (votre téléphone intelligent vous prévient que vous avez oublié vos lunettes sur votre bureau). Le paradis des étourdis…

Et les réseaux sociaux dans tout ça, diriez-vous ? Ils s’adaptent. Mieux encore, ils anticipent cette nouvelle réalité du web qui approche à grands pas. Les auteurs du blogue Nuwave Marketing se sont d’ailleurs amusés à dresser la liste des dix « nouveaux réseaux sociaux qui montent ». Une petite visite s’imposait. Au moins vers ceux qui fonctionnent.

A priori, rien de bien nouveau : nombreux sont ceux, souvent à caractère professionnel d’ailleurs, qui proposent une mise en relation de compétences. Non, ce qui diffère, c’est leur approche de la collecte d’informations. À titre d’exemple, Gild — bientôt en français ? — fonctionne sur le mode « dis-moi quels logiciels tu utilises, je te dirai quel expert tu es ». Quant à PriceBuzz, il vous proposera de créer un avatar entièrement mû par des envies d’achats compulsifs, afin de partager avec vos futurs PriceFriends les mêmes convoitises et effectuer ainsi des achats groupés. Donc moins chers.

MEILLEUR(E)S AMI(E)S

Car il n’y a pas meilleur vendeur que votre « meilleur(e) ami(e) ». Earl Tupper l’avait déjà bien compris lorsque, à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale où la relance de la consommation était primordiale pour les économies alliées, il lançait sa marque de boîtes en plastique alimentaire par la vente à domicile, autrement dit le réseau personnel de chaque foyer.

Ainsi donc, après avoir partagé votre vie privée sur Facebook, vos compétences ou vos goûts artistiques sur MySpace et vos expertises professionnelles sur LinkedIn, vous pourriez bien indiquer sur ces nouveaux réseaux vos habitudes alimentaires, votre couleur préférée, vos allergies, votre style vestimentaire, votre auteur préféré… La différence est que vous autoriserez — pour des raisons pratiques, bien sûr — que toutes ces données fusionnent, circulent, se confrontent au point de transformer vos avatars en profil personnalisé de consommateur, le summum de la cible commerciale que toute entreprise, un tant soit peu concernée par la vente de produits, attend depuis des lustres.

Vous n’en aviez pas rêvé, mais les réseaux sociaux sont en train de le faire…

Le Devoir | Google+, le grain de sable dans le monopole des réseaux sociaux

Cet article paru dans Le Devoir d’aujourd’hui m’inspire une chose : la guerre des réseaux sociaux enfle avec, en toile de fond, la constitution de groupes de cibles marketing on ne peut plus intéressantes pour les sociétés qui veulent y accéder. Zuckerberg et ses petits copains — qui s’agacent entre eux — peuvent promettre SANS MENTIR qu’ils ne vendront jamais le contenu de leurs réseaux. L’inverse reviendrait à vendre sa mine d’or plutôt que l’or lui-même. Autant se tirer une balle dans le pied.
Les réseaux sociaux vendent un accès personnalisé à leurs données, mais ne donnent pas accès aux données identitaires qui, elles, resteront anonymes. C’est tout l’intérêt commercial de Google+, de Facebook et des autres statisticiens du marché permanent qui a lieu 7/7-24/24 sur la place centrale du Village global.
Salut Marshall (McLuhan), tu vas bien ?