La donne change. Autrement dit, on ne regarde/consomme plus la télévision/vidéo de la même façon qu’il y a encore quelques années. Les chiffres que vient de publier Video Metrix* sont assez évocateurs :
« Google Sites a aussi comptabilisé le plus grand nombre de vues [aux États-Unis] — presque deux milliards — et enregistre la plus grande moyenne de temps par spectateur, avec 4,6 heures passées à regarder du contenu vidéo sur le site durant le mois [de mars]. » (RelaxNews, 2011)
Vieux slogan soixante-huitard repris par Loup. |
Rien de surprenant à cela. On dira vite fait bien fait que « c’est l’époque ! »
Mais à travers ce phénomène de déplacement de la consommation de l’information, il y a évidemment un déplacement de l’information générée. Les technologies numériques étant capables de transmettre aussi rapidement qu’elles les captent les informations. Si une simple habitude de mono-consommation — « j’achète toujours la même marque de beurre » ou « j’achète toujours la même marque de maïs à souffler » — révèle peu de choses en soi, la somme de ces deux informations devient beaucoup plus intéressante pour le marketing — « le beurre donne un bon goût au pop corn, il vous faut donc plus de beurre ». Cette association de deux habitudes de communication à un seul et même acteur est une réalisation que le numérique permet à moindres frais et en temps réel.
Sous cette forme, la publicité, la communication d’entreprise ou commerciale, le marketing ne sont plus perçus comme des messages envahissants, mais comme des informations d’intérêt public puisque touchant la corde sensible du consommateur. L’invasion commerciale dans nos vies de citoyens disparaît donc. En apparence seulement…
On imagine sans mal pouvoir décliner ces simples démarches mercantiles relativement anodines en intentions les plus malsaines, qu’elles soient d’ordre commercial, mais aussi politique, économique, écologique. La régulation des communications — qui inclut donc Internet — est, on le voit, on ne peut plus indispensable : chacun (citoyen, entreprise, association, pouvoir public, communauté, organisation internationale…) doit y trouver l’espace nécessaire pour s’y exprimer, débattre, chercher, prendre sous toute forme, quelle qu’elle soit.
Et pour que nous soyons tous égaux devant le numérique, pour que nous ne soyons ni dominés ni dominants, on imaginerait alors une vaste commission internationale regroupant toutes les représentations des nos multiples sociétés terriennes pour surveiller tout ça ? Cela suppose de chaque citoyen une parfaite maîtrise des nombreuses définitions la démocratie, lesquelles auront toujours une acception culturelle propre à la géopolitique des territoires d’où elle est issue. Un schéma qu’on a même du mal à concevoir, intrinsèquement.
« En fin de compte, la possibilité d’une régulation démocratique d’Internet découle non seulement d’un accord sur ce qu’on entend par démocratie2 et sur une définition précise des différents droits qui y sont attachés, mais également sur l’établissement d’une hiérarchie entre les différents droits qu’un individu peut légitimement revendiquer dans une démocratie. » (Raboy & Vedel, 2005)
Bibliographie
comScore. 2011. « Un aperçu complet sur le paysage de la vidéo en ligne ». in Video Metrix, comScore. En ligne : http://www.comscore.com/fre/Products_Services/Product_Index/Video_Metrix. Consulté le 13 avril 2011.